Moi qui en santé et contentement fus jadis
Suis aujourd’hui troublé par grande maladie
Et affaibli par les infirmités ;
Timor mortis conturbat me. [La peur de la mort me trouble.]
Notre plaisir ici-bas est vaine gloire
Et ce monde faux seulement transitoire
Et la chair fragile et le démon rusé
Timor mortis conturbat me.
Le sort de l’homme change et varie
Tantôt fort, tantôt faible, joyeux puis marri
Tantôt à danser, tantôt à mourir
Timor mortis conturbat me.
Rien sur cette terre qui sûr soit jamais
Comme sous le vent ploie le roseau
Ainsi ploient les mondaines vanités ;
Timor mortis conturbat me.
À la mort même les puissants s’en vont,
Princes, prélats et potentats,
Riches et pauvres en toutes conditions.
Timor mortis conturbat me.
Ni le seigneur en dépit de sa puissance,
Ni le clerc en dépit de son intelligence
Elle n’épargne ; à son terrible coup nul n’échappe.
Timor mortis conturbat me.
Comme elle a saisi tous mes frères,
Ainsi ma vie elle ne laissera en paix.
De force sa proie je serai.
Timor mortis conturbat me.