Depuis les grandes découvertes de la fin du XVe siècle et durant près de quatre siècles, l’Europe a dominé le monde. À cette époque, le centre de gravité économique de la planète a peu à peu basculé de l’espace méditerranéen vers l’espace atlantique. Grâce à leur puissance économique, militaire et technique, les États européens ont colonisé une partie du globe et imposé leur ordre mondial jusqu’au XXe siècle. Après la Première Guerre mondiale, l’hégémonie européenne s’est peu à peu effritée, avant de céder sous les chocs de la Seconde Guerre mondiale. Après 1945, les États-Unis, puissance montante depuis la fin du XIXe siècle, ont succédé à l’Europe comme pôle de puissance dominant. Bien que la guerre froidela guerre froide ait produit un monde bipolaire qui voyait deux régimes politiques et idéologiques s’opposer, les États-Unis, avec le concours de leurs alliés européens, ont continué à influencer la scène internationale. Cette position de domination s’est transformée en véritable hégémonie à la fin de la guerre froidela guerre froide. La chute du mur de Berlin et, plus encore, l’effondrement de l’URSSURSS en décembre 1991 ont en effet promu les États-Unis au rang d’unique superpuissance mondiale.
La fin du XXe siècle se révèle ainsi totalement américaine, tant sur les plans économique, diplomatique, militaire et stratégique que sur les plans technologique et culturel. La puissance des États-Unis est alors sans partage, au point de voir se former le néologisme d’« hyperpuissance » pour qualifier ce qu’aucun État ni Empire n’avait jamais embrassé jusque-là. Paradoxalement, cette puissance sans égale des États-Unis a également marqué son apogée. En effet, dès la fin du XXe siècle, les prémices d’un monde différent se sont peu à peu mis en place. Les attentats du 11 septembre 2001 contre les États-Unis et leurs répercussions stratégiques mondiales (guerre contre le terrorisme, guerre en Afghanistan puis guerre en Irak) ont pu un temps éclipser les mutations structurelles en cours. La crise économique de 2008, partie des États-Unis et dans laquelle se débat l’ensemble des pays « occidentaux », a néanmoins exposé au grand jour les nouvelles réalités internationales. L’époque est désormais à un nouveau grand basculement du monde.
La transformation en cours des équilibres politiques et économiques mondiaux trouve sa traduction la plus visible dans le passage d’un monde centré sur l’espace atlantique à un monde centré sur l’espace pacifique et asiatique. Outre les puissances déjà établies dans la région que sont les États-Unis et le Japon, l’influence montante de la Chine, de l’Inde et, à une autre échelle, de l’Indonésie fait certes du Pacifique et de l’Asie le nouveau carrefour des puissances, mais surtout le moteur de la croissance économique mondiale. D’autres pays, d’autres continents, à l’image du Brésil ou de l’Afrique du Sud, s’imposent aussi comme de véritables puissances régionales et ambitionnent également de faire entendre leur voix sur la scène internationale.
Ce nouvel ordre mondial, qui se cherche encore, ne se réduira pas à l’avenir aux domaines traditionnels de la puissance que sont le politique, l’économique et le militaire. Désormais, c’est avec la question environnementale que les peuples et les États devront composer. Présents sur l’agenda international depuis une trentaine d’années, les débats autour de l’état de la planète, de ses ressources et des dégradations qu’elle subit se sont néanmoins imposés comme un enjeu politique et économique de tout premier plan à l’aune de catastrophes naturelles, de prises de conscience des citoyens et des grandes conférences internationales menées dans le cadre des Nations unies. Impossible à esquiver, l’environnement constitue un défi qui structurera le monde du XXIe siècle.